Le portage salarial est une forme d’emploi qui se situe entre l’indépendance et le salariat, permettant à un professionnel de bénéficier des avantages des deux statuts. Pour autant, la législation du portage salarial a connu des évolutions majeures ces dernières années, avec pour objectif de mieux encadrer cette pratique et d’assurer la protection des travailleurs concernés. Dans cet article, nous vous proposons de faire un point complet sur les différentes dispositions légales applicables au portage salarial et sur les perspectives d’évolution de ce cadre juridique.
Un encadrement progressif du portage salarial par le législateur
Le portage salarial a été reconnu pour la première fois en France en 2008, avec la loi de modernisation du marché du travail (Loi n°2008-596). Cette loi a posé les premières bases du dispositif en définissant le portage salarial comme une relation tripartite entre le travailleur indépendant (le « porté »), l’entreprise cliente et la société de portage. Depuis lors, plusieurs textes ont complété ce dispositif initial pour mieux encadrer cette pratique.
En 2010, une ordonnance (n°2010-18) a précisé les conditions d’exercice du portage salarial ainsi que les garanties offertes aux travailleurs indépendants concernés. En particulier, elle a instauré un régime d’agrément pour les sociétés de portage, afin de garantir leur sérieux et leur respect des obligations légales en matière de droit du travail.
En 2015, la loi relative au dialogue social et à l’emploi (Loi n°2015-994) a apporté des précisions supplémentaires sur le statut des travailleurs portés. Elle a notamment créé un statut spécifique pour ces derniers, distinct du salariat classique. Par ailleurs, cette loi a également instauré une obligation pour les sociétés de portage de conclure une convention collective avec les organisations syndicales représentatives des travailleurs concernés.
Le cadre juridique actuel du portage salarial
Aujourd’hui, la législation du portage salarial repose principalement sur deux textes : l’ordonnance n°2017-53 du 19 janvier 2017 et le décret n°2017-774 du 4 mai 2017. Ces textes ont consolidé et renforcé les dispositions précédentes en matière d’encadrement du portage salarial.
L’ordonnance de 2017 a notamment clarifié la définition du portage salarial en précisant que ce dispositif s’adresse aux professionnels justifiant d’une expertise, d’une compétence ou d’un savoir-faire particulier, et dont la rémunération est supérieure à un seuil fixé par décret (actuellement fixé à deux fois le plafond de la Sécurité sociale). Cette ordonnance a également confirmé l’obligation pour les sociétés de portage de respecter une convention collective spécifique et a renforcé les garanties offertes aux travailleurs portés en matière de rémunération et de protection sociale.
Le décret de 2017, quant à lui, est venu préciser les modalités d’application de ces dispositions. Il a notamment fixé les conditions d’exercice du portage salarial (durée minimale des missions, seuil minimal de rémunération, etc.) et a détaillé les obligations des sociétés de portage vis-à-vis des travailleurs concernés (information sur leurs droits, accompagnement dans leur projet professionnel, etc.). Par ailleurs, ce décret a également instauré un dispositif d’évaluation de la qualité des services proposés par les sociétés de portage, afin d’assurer une meilleure transparence et un meilleur contrôle de cette activité.
Les perspectives d’évolution du cadre juridique du portage salarial
Le législateur continue d’accorder une attention particulière au portage salarial et à son encadrement. Plusieurs pistes d’évolution sont ainsi envisagées pour améliorer la protection des travailleurs portés et assurer un développement maîtrisé de cette pratique.
Parmi ces pistes figure notamment la création d’un statut juridique spécifique pour les travailleurs indépendants qui recourent au portage salarial. Cette mesure pourrait permettre de mieux distinguer ces professionnels du salariat classique et d’adapter certaines règles relatives au droit du travail ou à la protection sociale en fonction des spécificités du portage salarial.
Par ailleurs, le gouvernement souhaite également renforcer les garanties offertes aux travailleurs portés, notamment en matière d’assurance chômage ou de formation professionnelle. Des négociations sont ainsi en cours avec les partenaires sociaux pour déterminer les modalités d’une telle évolution.
Enfin, le législateur pourrait également envisager d’étendre la responsabilité des entreprises clientes en cas de manquement aux obligations légales par la société de portage. Cette mesure aurait pour objectif de limiter les risques de fraude ou d’abus et de garantir une meilleure protection des travailleurs concernés.
Ainsi, la législation du portage salarial a connu des évolutions majeures ces dernières années et continue à être adaptée pour répondre aux enjeux de cette pratique en pleine expansion. Il est important pour les professionnels concernés et les entreprises utilisatrices de se tenir informés des changements législatifs et réglementaires afin de garantir le respect des droits et obligations de chacun.